Kanien’kehá:ka (Mohawks)
Traduction: Carole Ross, Akwesasne
Narration: Carole Ross, Akwesasne
Kanien’kehá:ka (Mohawks)
CHASSEUR-CUEILLEUR
Nous ne possédons pas les animaux. Notre respect envers eux a toujours été inscrit dans nos mythes, dans nos récits et dans nos coutumes. C’était un honneur pour nos ancêtres de se nommer par des noms d’animaux aux traits de caractère similaires aux leurs. Nos habitudes de chasse parlent également de ce respect. Il y a une manière et un temps : avec remerciements et offrandes à la vie qui s’offre pour servir la nôtre; jamais à la saison de la reproduction, comme c’est le cas aujourd’hui pour la chasse sportive. L’animal est conscient de son rôle dans l’univers et du besoin que nous en avons; c’est donc volontairement qu’il vient vers le chasseur.
La chasse et la pêche sont encore aujourd’hui des bases pour la survie de notre mode de vie traditionnel et constituent un apport essentiel de nourriture pour plusieurs familles. C’est aussi grâce à la chasse que survivent plusieurs pratiques artisanales, car la chasse fournit les matières premières à leur réalisation; c’est pourquoi nous devons préserver les ressources et protéger la reproduction. Pour nos communautés, être un bon chasseur implique aussi, et surtout, la connaissance des mœurs de l’animal et l’intelligence d’en tenir compte pour la survie des espèces.
Le bon chasseur est aussi celui qui partage ses captures avec la communauté. Même si l’arrivée des congélateurs a changé nos pratiques en permettant la conservation de la viande à plus long terme, le partage se fait encore aujourd’hui, mais à l’échelle clanique ou familiale plutôt qu’avec tout le village comme autrefois. Ainsi, les aînés qui n’ont plus d’accès direct à la chasse ne sont jamais oubliés.
Chez nous, rien ne se perd. Toutes les parties de l’animal ont une destinée et servent à un usage, à une pratique. Toute la viande du caribou ou de l’orignal est bonne. Tout peut être mangé. Comme les loups, nous ne laissons rien.
Mais aujourd’hui, des parties sont jetées parce que la vie en ville modifie nos pratiques. Les carcasses d’animaux, souvent abandonnées par des chasseurs, sont gaspillées, et cela nous heurte. Le fait d’exhiber la tête d’un orignal sur le capot de sa voiture en guise de trophée également, puisqu’à nos yeux, cela démontre un manque de respect envers l’esprit de l’animal, envers le don qu’il a fait de sa vie.
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