Anishinabeg (Algonquins)

Traduction: France Mowatt, Pikogan

Narration: France Mowatt, Pikogan

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Anishinabeg (Algonquins)

ÊTRE ENSEMBLE

Avant la création des bandes, il y avait des clans familiaux. Pour cohabiter en clans, il fallait un chef, des mères de clans, un système hiérarchique. Car pour survivre, il fallait être ensemble. L’esprit communautaire n’était pas une valeur incidente : elle était au centre des préoccupations. Comme l’entraide entre petits et grands. Comme le partage entre pauvres et riches. Comme le travail ardu en temps de famine. Les ancêtres, s’ils pouvaient nous raconter leur vie, diraient sans doute qu’ils n’avaient pas le choix, que c’était ainsi que ça se passait. Chaque rôle était établi pour la survivance. L’homme était le pourvoyeur, le chasseur, le protecteur. Il puisait dans les labeurs de tous les jours la fierté et le contentement.

Derrière les chasseurs, il y avait les mères de clans. Des femmes d’autorité. Elles éduquaient, elles ordonnaient. Elles ont fait cuire le pain et nourri leur famille. Pendant que les hommes partaient de longues périodes, elles assuraient la survie des leurs, faisaient face aux querelles, rendaient justice. Tout le jour, elles s’assuraient que les leurs aillent bien. Jusque dans la nuit, elles en prenaient soin. Ces grands-mères vieilles de 100 ans. Ces mères à peine pubères.

Autrefois, nous étions des êtres autonomes. Les femmes accouchaient sous les tentes. Les familles étaient autosuffisantes. La viande était abondante par période. L’autonomie reposait sur les connaissances acquises des siècles passés. Libres de penser. Libres d’agir. Avec comme seul impératif la survie.

Le lien familial était le noyau de nos nations, la base sur laquelle on se construisait. La famille était le cercle resserré par lequel on faisait grandir le peuple.

C’était avant les réserves, avant l’assimilation, avant les pensionnats. À un certain moment, il y a eu une brisure.

Comment ça fonctionne